Sur les écrans de l’époque, le film offre une combinaison de talents inespérée. Comment imaginer aujourd’hui une composition aussi excitante ? A la réalisation, un hollandais au succès violent (RoboCop, la Chair et le Sang… et plus tard Basic Instinct, Starship Troopers), clairement orienté sur l’aspect graphique et sans concession dans sa mise en scène. En rôle principal, l’acteur ultra-iconique, montagne de muscle sans complexes, bodybuilder / acteur / gouverneur / découpeur-de-tripes : Arnold Schwarzenegger. Pour les suivre, la maison de production Carolco Pictures, adepte des productions de fantastique et d’aventures (les Rambo, L’échelle de Jacob…) et d’un budget de 65 millions de dollars, permet à Verhoeven d’offrir une image de Mars et de la Terre surréaliste et futuriste ainsi que des décors et maquillages grandioses.
Mais le film est avant tout une adaptation de la nouvelle de l’écrivain parano-angoissé, Philip K. Dick We Can Remember It For You Wholesale. Par souci du spectacle, l’histoire originelle et le scénario de Total Recall prennent des routes différentes. Verhoeven réussit pourtant à conserver le questionnement de K. Dick sur le principe de réalité tout au long de la trame.
Le spectateur sera le héros : porté à la fois par le devoir d’accomplir sa mission et par sa quête de vérité/réalité, tout comme le personnage principal s’identifie à un agent secret. Une mise en abîme intelligente créée par le réalisateur et difficile à égaler.
Mais ne vous faites pas d’illusion car la conclusion du film pourrait bien, selon l’analyse de chacun, paraître aussi désespérée que la nouvelle de K. Dick.
Devant la collection actuelle de remakes et suites pisse-froids en tous genres, est-il nécessaire de fonder un quelconque espoir sur le “nouveau” Total Recall prévu en 2012 ? Le festival propose à chacun de se faire sa propre idée.