Le cinéma de Lucile Hadzihalilovic est singulier, et donc précieux. Innocence est un authentique morceau d’art cinématographique, tout entier tourné vers l’immersion et la sensation. L’intrigue passe au second plan. Le film ne nécessite pas d’être sur-analysé, il se ressent, et fait appel à tous nos outils de perception. Les couleurs, le cadre, la musique, les métaphores, tout contribue à nous faire entrer et nous promener dans le petit monde de Lucile. Pour qui sait oublier qu’il est assis dans une salle de cinéma et est prêt à se laisser prendre par la main, le voyage est formidablement beau.
Pêle-mêle et sans intellectualisation envahissante, la réalisatrice, dans une pure démarche artistique, ose se dévoiler au spectateur, parsemant le métrage de fragments d’elle-même.
Une raison de plus, lorsque se rallume la lumière, d’être reconnaissant d’avoir été convié à la découverte.
