Film fondateur du giallo, La Fille qui en Savait Trop préfigure autant le whodunit italien qu’il emprunte aux films de femmes paranoïaques des années 40. Transition entre deux genres flirtant avec la misogynie, le film de Bava aborde pourtant la question du genre avec habileté. Son héroïne est surtout remarquable en ce qu’elle est essentiellement banale : curieuse, maladroite, sympathique ou naïve.
Dépeinte comme une femme de son époque, sa personnalité s’affirme dans l’isolement où la confine son entourage masculin – médecins et policiers la font passer pour paranoïaque et affabulatrice, son petit ami pour une demoiselle en détresse… – autant que le film lui même – la voix off semble tourner son histoire en dérision. Isolement auquel elle oppose une indifférence amusée : seul l’intéresse vraiment le mystère des meurtres qu’elle s’est mise en tête de résoudre.