Corruptio « Ne nous soumettez pas à la tentation »

Le cinéma a bon dos ; on lui a fait régulièrement assumer la violence de notre époque, lui prêtant la vertu, par son seul pouvoir de suggestion, d’infléchir nos mœurs et nos façons d’agir… Si tel est le cas, soyez prévenus que les films qui vous seront présentés dans le cadre de cette thématique sont dangereux… Car loin de condamner la corruption, ces films la célèbrent ; perçue comme une confrontation de l’individu avec un « au-delà de soi » différent et, donc, forcément corrupteur, la corruption y prend les allures d’une quête initiatrice, dont l’enjeu verrait le sacrifice de nos illusions naïves sur l’autel d’une plus complexe lucidité.

D’une telle épreuve, on sort soit grandi, soit détruit ; les jeunes héroïnes de ‘Ne nous délivrez pas du mal’, si elles s’abandonnent à la corruption, c’est poussées par le désir de la subversion, et pour échapper à une institution qui voudrait les conformer une morale inhibitrice.

Justine, sous des allures de fable morale, tourne en dérision l’innocence aveugle, quand elle a pour soucis unique d’échapper à la complexité de la réalité : la jeune ingénue paye cruellement sa soumission à une vertu arbitraire. En se soumettant à La Papesse, le couple de jeunes protagonistes s’abandonne à sa propre bestialité, célèbre ses instincts primaires avec une frénésie aussi libératrice que fascinante pour échapper au train-train d’une relation à bout de souffle…

Ce n’est qu’avec ‘La Lame Infernale’ que la corruption montre ses effets délétères. Dans l’Italie des années 70 l’ancienne génération, croulant sous le poids de son histoire, contamine la jeunesse de ses perversions, et réduit ainsi l’espoir d’une reconstruction sociale.