Soirée ANIMOKATAK !

Ne serait-ce pas un juste retour des choses, le temps d’une soirée, de devenir l’espèce menacée? Nous sommes tellement convaincus de notre statut d’espèce dominante qu’il était inévitable que le cinéma d’épouvante s’empare de cette peur primaire : celle de descendre dans la chaîne alimentaire. Il nous fait sortir de notre zone de confort, urbaine, civilisée, en échangeant les positions de prédateur et de proie.
Plus encore, ce cinéma s’est emparé de cette idée simple : le monde animal peut être terrifiant car nous n’avons presque pas d’emprise sur lui. Nous ne pouvons pas communiquer avec lui, le délimiter, le raisonner. Il nous renvoie à nos propres instincts bestiaux que nous cherchons à enfouir, alors que ces animaux qui attaquent semblent parfaitement sereins dans leur environnement.
On essaie de se rassurer en se disant que ces prédateurs sont loins, sont fantastiques, peut être issus de mutations improbables, ou impossible à croiser sur cette Terre. Ces chimères nous hantent cependant depuis des millénaires et font partie de notre culture. C’est ce qui se cache sous la surface de l’eau, derrière l’arbre, dans le sable, au fond des cavernes. Face à ces créatures, même imaginaires, nous nous retrouvons confrontés à la nature entière, faune et flore, tandis que nous nous en protégeons et que nous nous en éloignons.
Vivons-nous dans un monde qui n’est pas le nôtre? Devons-nous vraiment tenter de vivre en harmonie avec ces monstres ou les exterminer sans attendre?
Le cinéma d’attaque animale a, au fil des décennies, mis en scène toutes les espèces, de la plus grosse à la plus petite. Aux plus communs, avec beaucoup de dents de préférence, avec ou sans groin, ont succédé les plus piquants, empoisonnants, envahissants, rampants, intelligents, en meute ou solitaire… Du moment qu’ils peuvent vous bouffer d’une manière ou d’une autre, rien ne vous sera épargné.