Zoom sur Jess Franco
« Je ne comprends pas que certaines personnes prennent des drogues pour stimuler leur imagination. Je serais plutôt du genre à en prendre pour la calmer. »
Jess Franco est un obsédé. Un obsédé du cinéma.
Né Jesus Franco Manera en 1930 à Madrid, il monte à Paris faire l’Idhec et fréquente Henri Langlois et sa cinémathèque.
Son premier long-métrage (Nous Avons 18 Ans) est tourné en 1959 et son dernier (Al Pereira Contre les Femmes-Alligators) en 2012. Entre les deux, environ 200 films. Le chiffre est incertain car on ne compte plus les versions remontées, caviardées, redoublées, censurées, tripatouillées. Soit en moyenne 1 film par trimestre pendant 50 ans.
« J’aime faire des films, j’ai un besoin physique de faire des films » déclare-t-il.
Obsédé par le fantastique et l’érotisme, Franco est considéré comme un cinéaste vulgaire et marginal, méprisé par la critique et les cinéphiles mais adulé par les amateurs de bis.
Dans ses films se côtoient pêle-mêle des morts-vivants libidineux, des nichons, des cabarets jazzy, des petites vicieuses, des grandes emmerdeuses, des cryptes mystérieuses, des héroïnes singulières, Dracula et sa fille, des prêtres, des docteurs et des savants (tous fous), des robots agressifs, des fesses flasques, du sadisme, des prisons gorgées de nymphomanes, des zooms intempestifs, des violeurs en série, des comtesses perverses et même des espionnes avec un petit slip à fleur…
Cette obsession et cette insatiable frénésie de tourner ont fait le bonheur des producteurs de par l’Europe appréciant le talent d’un cinéaste capable de tourner plusieurs films en même temps avec un budget minimal.
A partir des années 90, via la vidéo et les fanzines, le cinéaste fait l’objet d’un véritable culte reconnaissant à juste titre son génie et son grain de folie. Récompensé d’un Goya d’honneur, la Cinémathèque (sans Langlois désormais) lui rend hommage en 2008.
Un grand philosophe affirma un jour qu’il y a toujours quelque chose à sauver dans le plus mauvais film de Franco (un plan, une scène) qui par conséquent n’est plus si mauvais. Aucune inquiétude, les trois films sélectionnés ici ne font pas partie de cette catégorie.
Alors, préparez-vous à déclarer : « J’aime voir des films de Jess Franco, j’ai un besoin physique de voir des films de Jess Franco ».
