Titre original : Yuki Yukite, Shingun
Réalisation : Kazuo Hara
Année : 1987
Origine : Japon
Durée : 122 min.
Diffusion : DCP, vostf
jeudi 28 mars 2024 à 16h45
Kenzo Okuzaki n’est pas un modèle de tempérance. Il en veut particulièrement à l’Empereur et aux cadres de l’armée, responsables de l’enfer qu’il a vécu en Nouvelle-Guinée à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Devant l’objectif de Kazuo Hara, ce soixantenaire se bat, dans tous les sens du terme, pour révéler une terrible vérité que tout le monde préférerait bien oublier.
L’armée de l’empereur s’avance est le documentaire le plus renommé de Kazuo Hara, maître japonais reconnu du genre. Pour conserver l’impact qu’il aura auprès des chanceuses et chanceux qui le découvriront sur grand écran, contentons-nous d’affirmer que c’est une œuvre née d’un dispositif en apparence simple : un cinéaste suit le parcours d’un vétéran qui cherche à établir les circonstances de la mort de deux soldats à la fin de la guerre.
Sauf que… sauf que ce qui, en d’autres circonstances et exécuté par d’autres protagonistes, aurait fini en film d’interviews rondement menées, sort des rails dès le début pour s’engager sur des chemins aventureux. Des sentiers caillouteux qui déboussolent un spectateur tour à tour stupéfait, bouleversé et interrogatif.
Outre le sujet même des horreurs de la guerre, L’armée de l’empereur s’avance aborde le trauma post-conflit par le prisme de la personnalité très particulière de son protagoniste principal, par le rapport entre le combattant (Kenzo Okuzaki) et le spectateur (Kazuo Hara), et ne cesse de poser des questions de limites et d’éthique.
Un vrai documentaire de cinéma, riche, complexe, qui colle longtemps aux recoins de la conscience.