Titre original : The Chase
Réalisation : Arthur Penn
Année : 1966
Origine : États-Unis
Durée : 133 min.

Diffusion : VOSTF
Séance :
jeudi 17 avril 2025 à 16h30
Cinéma Comoedia
La Poursuite Impitoyable
Dans une bourgade du Texas, les habitants sont en émoi : Bubber Reeves, enfant du coin, se serait évadé du pénitencier, et la rumeur court qu’il ferait route vers la ville. Du shérif — que l’on dit à la solde du magnat local du pétrole — au fils de ce dernier — fiancé à l’ex de Bubber —, beaucoup ont à craindre de ce retour. Le week-end approche et la tension monte.

Parfois, tout est dans le titre. C’est le cas ici, avec un film qui nous montre ce qu’il nous promet : une poursuite impitoyable, sur fond de racisme et de vindicte populaire. L’histoire démarre comme un classique récit d’évasion en vogue dans les années 60, avant qu’Arthur Penn, jeune cinéaste revêche formé sur les planches et les plateaux de télévision, n’aborde le véritable sujet de son film : le bruit des bottes et l’esprit grégaire d’une foule en colère. Ses années de formation comme metteur en scène de théâtre lui offrent cette faculté de dépeindre des personnages riches et contrastés, nichés au cœur  de situations empreintes d’une grande tension. Un casting d’exception (Marlon Brando, Robert Redford, Jane Fonda) donne de la substance à ce slow burner au sein duquel se développe une critique sociale acerbe, aussi dure pour ses contemporains que juste sur le fond. Grand observateur de ses pairs, Penn s’intéresse tout autant à ses protagonistes qu’à la foule des anonymes qui compose un personnage à part entière, à la fois protéiforme et uniforme. 


La poursuite impitoyable emprunte son atmosphère particulière au roman d’Horton Foote. Ce dernier, également scénariste, adaptait quatre ans plus tôt pour Robert Mulligan le classique Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur ; ce qui lui valut d’ailleurs une petite statuette dorée. Penn n’en gagnera aucune (il récoltera tout de même deux nominations) durant sa carrière de metteur en scène mais signe avec La poursuite impitoyable un petit classique du cinéma engagé des sixties illustrant de la plus brillante des manières le fait que le quotient intellectuel d’une foule est égal à celui du plus imbécile de ses membres. Il en profite pour livrer une des scènes de passage à tabac les plus emblématiques et hallucinantes de cet art qu’est le cinéma. Rien que ça.