
Titre original : The Keep
Réalisation : Michael Mann
Année : 1983
Origine : États-Unis – Royaume-Uni
Durée : 96 min.
Diffusion : VOSTF
Fort du succès de son premier film de cinéma sorti en 1981, Le Solitaire, Michael Mann, pour son second long métrage, se dirige vers le fantastique et l’horreur et adapte à sa sauce le roman éponyme de Wilson, déjà inspiré du Dracula de Stoker. Il voit grand et veut surfer sur la vague des blockbusters de cinéma de genre déboulant sur les écrans, depuis Alien, le huitième passager ou Star Trek en 1979 jusqu’à Blade Runner ou Tron en 1982.
Le dessinateur Enki Bilal est chargé de donner corps à Molasar, l’entité maléfique ; le groupe de musique électro-planante Tangerine Dream (déjà sollicité sur Le Solitaire) compose une sublime B.O. mystico-mélancolique ; et le casting n’est pas en reste avec à sa tête Scott Glenn (L’Étoffe des héros). À la technique, le directeur de la photographie Alex Thomson (Excalibur) ou le directeur artistique Alan Tomkins (L’Empire contre-attaque) vont exceller pour créer la beauté visuelle des images et les décors remarquables.
Mann veut réaliser une parabole sur le bien et le mal et entremêle surnaturel, ésotérisme et fascisme en pleine Seconde Guerre mondiale. Le cinéma expressionniste de Fritz Lang ou Friedrich Wilhelm Murnau est sa principale influence, déclare-t-il — et la photographie du film, penchant vers le monochrome, en est un bel hommage.
Mais d’impromptus événements bouleversent les plans du réalisateur. Le décès du superviseur des effets spéciaux, Wally Veevers (2001 : l’Odyssée de l’espace, Superman), lors de la post-production, change la face du film : la fin initialement conçue par Mann est modifiée suite à l’explosion du budget et un remontage est imposé par la production pour réduire le film de 3h30 à 1h36 — d’où ce statut de “œuvre maudite” conféré au film, qui est longtemps resté invisible.
La Forteresse noire est un film irréel, aux images cosmiques et à l’esthétique visuelle hallucinante, à savourer aux Hallucinations.