Hallucinations Collectives

Repéré par les fans de cinéma de genre avec les caustiques Creep et Severance, Christopher Smith n’a pas eu les honneurs de sorties sur grand écran depuis ces deux coups d’essai, et il y a de quoi crier à l’injustice. Son Black Death tutoie la puissance d’évocation du Paul Verhoeven de La Chair et le Sang dans sa description d’un Moyen- ge apocalyptique rongé par la peste, et les myriades de subtilités de Triangle, son chef-d’œuvre, doivent impérativement se découvrir sur grand écran avant d’être vues, revues, disséquées. Ce modèle d’écriture n’a de cesse de faire résonner son intrigue d’astuces de mise en scène, d’idées visuelles, d’indices disséminés aux quatre coins de son fantastique décor. Et quand le mystère cède place au drame, la réalisation prend encore plus d’ampleur, tout en restant à hauteur de la saisissante Melissa George. C’est là que réside la force de cet auteur, dans l’édification de personnages aussi complexes et marquants que ses cathédrales dramaturgiques.