Hallucinations Collectives

Sortie en pleine nouvelle vague tchèque, cette épopée intime et poétique, tirée d’un roman à succès de l’époque, est souvent considérée comme un achèvement majeur du cinéma slave, et surtout comme l’un des plus beaux films jamais imprimés sur pellicule. Que celle-ci n’ait guère connu le succès en dehors de sa Tchécoslovaquie natale surprendra les spectateurs qui auront la chance de découvrir ce chef d’oeuvre sur grand écran.
On serait tenté d’expliquer cet échec par son approche narrative résolument peu conventionnelle, flirtant parfois avec l’abstraction. Tour à tour d’un réalisme brutal et d’un onirisme lumineux, tout à la fois épique et contemplatif, hallucinatoire et terre-à-terre, Marketa Lazarová promène ses contradictions avec une aisance singulière, bouscule nos habitudes de cinéphiles, et élève sa vision au rang d’expérience. Une tornade dont on sort avec une foi revitalisée dans le cinéma.