Hallucinations Collectives

On a coutume de résumer la famille du western all’italiana par la trinité des Sergio : Sergio Leone, le formaliste bankable, Sergio Sollima, le militant politique de gauche, et Sergio Corbucci, l’anarchiste pessimiste. C’est ce dernier qui nous intéresse ici, et notamment sa propension à mettre en scène des loups solitaires, hostiles à l’autorité, révoltés et vengeurs.
Après Franco Nero dans Django et Burt Reynolds dans Navajo Joe, c’est au tour de Jean-Louis Trintignant de s’élever contre l’injustice et les scélérats dans Le Grand Silence. Face à lui, en tête de proue du camp des ordures, c’est Klaus Kinski qui s’y colle en chasseur de primes vil et perfide.
Le cinéaste situe leur face-à-face dans un paysage enneigé et montagneux, faisant du film une contribution à ce sous-genre qu’on nomme désormais « Snow Western » et dont le dernier illustre représentant est Les Huits Salopards de Tarantino. Mais ne vous y trompez pas, en dépit de toute la lumière apportée par les décors naturels, Le Grand Silence est un western des plus sombres et désespérés. Et bientôt sur votre écran préféré en version restaurée.